Soutien à Diwan

Intervention prononcée lors en session plénière du Conseil régional de Bretagne, le 09/10/2024, à l’occasion du vote d’un soutien extraordinaire de 200 000 euros à Diwan. Pour accéder à la version originale en breton: https://nilcaouissin.blog/2024/10/09/skoaz-ouzh-skoaz-gant-diwan/

Mes chers collègues,

Une fois de plus, Diwan est face à de lourdes difficultés financières. On ne peut pas laisser tomber ce réseau qui a été est est toujours un fer de lance de l’enseignement du breton et en breton. S’il scolarise aujourd’hui moins d’élèves que les classes bilingues de l’enseignement public ou catholique, c’est bien Diwan qui a ouvert le bal, à une époque ou enseigner en breton était encore mal vu. C’est toujours grâce à Diwan, et à Diwan seulement, qu’il a été possible à des lycéens de s’initier à la philosophie en breton, et c’est Diwan, encore, qui trace la voie à suivre, en cette rentrée scolaire, en ouvrant pour la première fois une filière professionnelle en breton. Je veux ici saluer cette innovation, attendue depuis des années, difficile à mettre en place, mais tellement importante pour que l’enseignement en breton soit ouvert à toutes et tous jusqu’au bac. J’espère que cette initative fera des petits et inspirera les autres réseaux d’enseignement en breton.

Diwan, nous ne sommes pas les seuls à y tenir. La solidarité des collectivités bretonnes fait chaud aux coeur : communes de toutes tailles, départements, région maintenant, sont au rendez-vous pour aider le réseau à survire à une mauvaise passe. Elles démontrent ainsi qu’au-delà des affiliations partisanes, le réseau d’enseignement immersif en breton est un bien commun pour la Bretagne. On lui reconnaît une mission de service public. Il devrait donc être, de plein droit, un service public.

La Charte de Diwan le reconnaît d’ailleurs, puisqu’elle revendique, je cite, « la prise en charge de ses écoles dans un service public d’enseignement démocratique et rénové en Bretagne, permettant l’utilisation du breton comme langue véhiculaire de la maternelle à l’université dans tous les domaines de l’enseignement. » Si l’on ajoute que ses écoles sont laïques et gratuites, que faut-il de plus ?

Le nœud du problème, on le sait, est la place du breton. Ces écoles fonctionnent en breton, c’est leur originalité et leur intérêt. Y renoncer serait absurde. L’apprentissage du français n’en souffre pas, et l’on ne peut que s’étonner de voir un ancien ministre s’inquiéter du risque que des citoyens français seraient mis en situation de ne pas apprendre le français à l’école : si ce n’est de la mauvaise foi, c’est en tout cas un signe de méconnaissance de la pédagogie de l’enseignement immersif et de la réalité sociolinguistique dans laquelle les enfants évoluent. Une méconnaissance, aussi, des résultats en français des élèves de Diwan. Mais puisque ce problème de confiance et de reconnaissance existe, et reste irrésolu, il nous apparaît illusoire de revendiquer une intégration du réseau dans l’Education nationale.

A l’Union démocratique bretonne, nous avions proposé dès 2018, dans le cadre des débats sur la différenciation territoriale, un statut public régional pour Diwan. Sans doute n’étions-nous pas les premiers à y penser, tant l’idée semble relever du bon sens. Encore faut-il s’entendre sur le financement : on ne peut pas simplement transférer à la Région la charge de faire fonctionner des écoles en breton sous un statut de service public. Voilà ce que nous écrivions alors : «  l’Union démocratique bretonne propose d’expérimenter en Bretagne un statut public régional : faire de Diwan un établissement public participant au service public de l’Éducation, avec pour mission spécifique de développer l’enseignement immersif en langue bretonne, et assurer au réseau un financement public équivalent à celui de l’Éducation nationale en euros par élève. Le mode de gestion du réseau devrait rester aussi largement autogéré que possible et ses spécificités (dont le fonctionnement en langue bretonne au quotidien) devraient être respectées. » Ajoutons que les relations entre le réseau et les collectivités locales seraient les mêmes qui régissent les relations entre les collectivités et les écoles publiques. A l’époque, les esprits n’étaient sans doute pas mûrs pour rouvrir le débat sur le statut. Je me réjouis de voir que l’idée est à nouveau mise en avant aujourd’hui par d’autres que nous. .

Une fois que le réseau aura pu parer à l’urgence financière, je crois que la Région sera l’acteur le mieux placé pour entamer le dialogue avec Diwan, avec les collectivités et avec les parlementaires des 5 départements bretons, pour essayer de bâtir une démarche bretonne commune sur l’avenir du réseau et son statut. Ce sera une façon très concrète et utile pour notre société de traduire dans les faits le principe d’autonomie pour la Bretagne dans lequel une très large majorité de cette assemblée se reconnaît.

Nous voterons bien sûr en faveur du soutien financier proposé.

Pour retrouver l’intervention en vidéo: https://v5.synople.tv/event/36596?s=14821&e=15129&odj=hide

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