Logement: le centralisme d’État laisse un vide dans l’action publique

Intervention prononcée e 15 février 2024, durant le débat budgétaire, au sujet de la partie dédiée au logement. L’intervention originale est en breton: https://nilcaouissin.blog/2024/02/15/un-toull-zo-e-politikerezh-al-lojan-abalamour-dan-diouer-a-emrenerezh/

« Mes chers collègues,

Lors de la dernières sessions nous avions voté un plan logement, que notre groupe a approuvé. Il nous avait alors semblé que ce plan allait dans la bonne direction et posait des ambitions compatibles avec les moyens actuels de la Région. Nous avions, en particulier, approuvé le projet de création d’une foncière.

Difficile, néanmoins, de s’en satisfaire. La crise du logement ne sera pas résolue par la seule production de logements neufs. Ce levier ne permet qu’une action de très long terme. Or il y a urgence, urgence à réduire les distances domicile-travail, urgence à réduire la facture du logement qui pèse sur les budgets des ménages et les oblige, par exemple, à renoncer à la consommation d’aliments biologiques et de qualité, à différer des travaux d’isolation de leur logement, à moins partir en vacances, à moins bien vivre tout simplement. Urgence, aussi, à dénouer le problème du recrutement pour les entreprises comme pour les services publics.

Cette urgence, c’est là régulation du marché qui peut y répondre. Et les attentes sont fortes.

Le projet de statut de résident est ainsi largement soutenu par la population, avec 78 % d’opinions favorables. Il est majoritaire dans toutes les classes d’âge, toutes les catégories professionnelles, tous les électorats. Ce n’est pas un projet clivant. C’est au contraire un projet qui rassemble la société bretonne, autour d’un de ses fondements : le droit à vivre au pays. Logiquement, on trouve un niveau de soutien équivalent pour la régulation des locations de courte durée (LCD) : 79 % des Breton-ne-s seraient favorables à un quota d’une LCF maximum par propriétaire. Mais aujourd’hui, qui a le pouvoir de mettre en place ces mesures en Bretagne ? Personne.

Le centralisme d’État laisse un vide dans l’action publique, vide illustré notamment par la grave insuffisance du classement « zones tendues » : ni Brest, ni Lannion, ni Douarnenez, ni Lorient, ne peuvent par exemple appliquer la majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. Et cette majoration est si bien plafonnée que l’île de Batz, qui en bénéficie, ne récolte que 80 000 euros par an : de quoi préempter environ un logement tous les quatre ans. Toute la bonne volonté du monde, et les maires en ont souvent à revendre, ne suffira pas à réduire la crise du logement avec des outils aussi inadaptés.

On comprend mieux pourquoi l’extrême-droite s’oppose à l’autonomie : l’inaction d’État lui va très bien, puisque ce courant politique s’oppose aussi bien à la limitation des résidences secondaires qu’à la réduction de l’avantage fiscal des Locations de courte durée. C’est le parti de la rente contre le parti du travail. C’est le centralisme autoritaire allié aux spéculateurs, à l’Assemblée nationale comme au Conseil régional.

Mais le peuple breton n’est pas dupe. Une majorité absolue de la population des cinq départements serait favorable à la dévolution de pouvoir législatif et fiscal à la Région Bretagne pour réguler le marché de l’immobilier. 59 % y sont favorables, et seulement 26 % opposés. Appliquée à un problème concret, l’aspiration à l’autonomie est clairement majoritaire. Nous appelons le Conseil de Bretagne à construire avec les Bretonnes et les Bretons une mobilisation à même d’aboutir à un nouveau cadre pour le marché immobilier en Bretagne, et à une dévolution aux collectivités locales des outils de régulation nécessaire. Les débats territoriaux que nous avions proposé dans le plan logement pourraient en être l’occasion. »

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