Un plan régional pour la politique linguistique

Ce texte est la version en français d’un discours prononcé en breton au Conseil régional de Bretagne, le 14 décembre 2023. Pour lire la version originale: https://nilcaouissin.blog/2023/12/14/ur-steunv-rannvroel-evit-ar-brezhoneg/

Mes chères collègues,

Nous demandions depuis le début du mandat une programmation pluriannuelle pour la politique linguistique. C’est chose faite avec ce plan. Bien que l’objectif reste en-deçà de certains engagements électoraux, il faut reconnaître que la croissance proposée n’est pas négligeable. Il y a là de quoi renforcer et développer la politique linguistique de la Région Bretagne. Nous voterons donc le plan sans hésitation.

Nous n’irons pas dans le détail des propositions aujourd’hui. Nous y reviendrons certainement à l’occasion des débats budgétaires.

Mais ne nous voilons pas la face. Pour que notre plan régional soit une réussite, il faudra bien mettre aussi en application la Convention Etat-Région. Tout notre stratégie s’effondre si l’Etat ne tient pas parole, et pour l’instant, il ne le fait pas suffisamment. Alors que 40% des jeunes déclarent souhaiter que leurs enfants apprennent le breton à l’école, 90% des écoles n’en proposent aucun enseignement. On compte approximativement 750 000 élèves dans l’ensemble de la Bretagne. C’est donc près de 300 000 élèves que les filières bilingues devraient accueillir. Nous en sommes à peine à 20 000. Autrement dit, le peuple breton est privé du droit à se réapproprier sa langue. La voie vers la mort de la langue est tracée, avec d’ors et déjà trois quarts de locuteurs âgés ou très âgés.

Pour le gallo, si les attentes semblent pus limitées aujourd’hui avec 12% des jeunes en attente d’un enseignement du gallo, ne faut-il pas là aussi mettre ce chiffre en regard avec l’offre? Elle se développe faiblement dans le primaire, et a même reculé dans le secondaire, avec la réforme du lycée. Le nombre d’élèves suivant l’option gallo au lycée s’est effondré. Il y a donc beaucoup à faire, ne serait-ce que pour répondre à la demande existante.

Faire ce constat, ce n’est bien sûr pas mépriser l’engagement de la Région. Mais la politique linguistique est bloquée. La formation des enseignants est le noeud du problème. Nous pensons donc que la question ne sera pas réglée une fois le plan régional adopté: si l’Etat ne change pas rapidement d’attitude, il nous faudra soi assister les bras ballants à la mort de nos langues, soit prendre nous-mêmes la charge de la formation des enseignants. Cela ne nous n’amènera d’ailleurs pas loin du niveau des promesses faites en 2021 quant au budget des langues.

Là est la solution pour développer vraiment l’enseignement bilingue et répondre aux besoins, là est la solution pour généraliser l’initiation sur le temps scolaire. Je comprends qu’on ne veuille pas l’acter aujourd’hui, pour laisser une chance aux négociations avec le nouveau ministre. Mais il nous faudra vite mettre ce travail-là sur le métier.

Je vous remercie.

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