Le gouvernement vient de publier la liste des 203 communes qui devraient rejoindre les « zones tendues » en Bretagne. Il sera donc possible d’y appliquer une surtaxe (limitée) sur les résidences secondaires, d’y réglementer plus facilement les locations de courte durée de type AirBNB, d’y encadrer les loyers.
Mais un coup d’oeil à la liste montre le décalage entre les besoins avérés de régulation et les décisions ministérielles: le classement concerne essentiellement des communes littorales très touristiques, comme Perros-Guirec ou Carnac, et les communes de l’agglomération de Rennes. La carte qui en ressort correspond aux zones de grande tension avant le COVID et les confinements… elle aurait été utile et adaptée il y a quatre ans.
Aujourd’hui en revanche, le territoire breton est très largement touché par les difficultés de logement, et la pression de la demande en résidences secondaires se diffuse aussi hors des stations touristiques les plus anciennement touchées. C’est bien pour cela qu’une pétition signée par plus de 10 000 personnes demande le classement de l’ensemble de la Bretagne en zone tendue, et que le Conseil régional de Bretagne a réclamé l’application des mesures de régulation à toute commune qui en ferait la demande.
Dans le Trégor, seules quelques communes littorales se verraient ouvrir de nouvelles possibilités de régulation : Trebeurden, Trégastel, Kerbors, Penvénan, Perros-Guirrec, Pleumeur-Bodou, Plestin-les-Grèves, Trélévern, Trévou-Tréguignec. C’est certes mieux que rien, et c’est tant mieux pour leurs habitantes et habitants. Mais aujourd’hui, c’est dans tout le Trégor que la population peine à se loger, en particulier les jeunes. La diffusion de la demande en résidences secondaires vers l’intérieur, associée au repli des populations côtières chassées par le jeu du marché, et à l’arrivée de nouveaux habitants, provoque un véritable embouteillage sur tous les secteurs du marché du logement.
Rappelons que selon les derniers chiffres disponibles, un quart des logements du territoire de Lannion-Trégor Communauté étaient des résidences secondaires, et que la moitié de l’accroissement du parc de logement alimentait la résidence secondaire… Des chiffres impressionnants, pour tout LTC précisons-le, pas seulement pour la côte1.
Il y a quelques mois, des élus du territoire s’étaient manifesté pour demander le classement de tout Lannion-Trégor Communauté en zone tendue. Il est dommage qu’ils n’aient pas été suivis pas la majorité des élus communautaires. Le Trégor perd du temps pour protéger sa population active des effets d’une crise grave.
J’appelle les parlementaires du territoire, députés comme sénateurs, à alerter en urgence le gouvernement sur le caractère trop restrictif de la liste des communes intégrant le dispositif. Il est encore possible de rectifier le tir !

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